Vieillissement et productivité


Les effets des changements sous-jacents liés à l’âge sur la productivité au travail en termes de capacités intrinsèques, commencent tout juste à être étudiés. Une raison pour laquelle la productivité est difficile à mesurer objectivement, est que les évaluations par les collègues et les superviseurs représentent souvent des conceptions stéréotypées plutôt que les performances réelles des employés plus âgés. Deuxièmement, toutes les professions ne se prêtent pas à une mesure objective de la productivité. Pour ces raisons, le peu de recherches qui ont été entreprises sont souvent limitées aux lieux de travail qui permettent des mesures objectives, telles que le nombre d’erreurs ou le nombre de ventes. Dans l’ensemble, la productivité ne semble pas diminuer avec l’âge, même si elle peut diminuer à mesure que le temps passé dans un poste en particulier augmente, avec l’effet de routine conduisant à une baisse de motivation, ou à une répétition excessive d’un geste entraînant des lésions corporelles. Ainsi, une étude a révélé que le nombre d’erreurs par équipe commises sur les chaînes d’assemblage dans une usine automobile, avait légèrement diminué avec l’âge, après contrôle de la sélectivité décroissante (c’est-à-dire une retraite anticipée, ou une incapacité) et de la sélectivité croissante (c’est-à-dire une promotion). Les auteurs ont conclu que « les employés les plus âgés étaient particulièrement capables de saisir les situations complexes, et ensuite de se concentrer sur les tâches essentielles ». Ce constat met en évidence le fait que la baisse des facultés liée à l’âge, comme le ralentissement de la vitesse de traitement de l’information, ou la baisse des capacités à effectuer plusieurs tâches, peut ne pas avoir nécessairement des impacts négatifs sur la productivité du travail parce qu’ils peuvent être compensés, dans une certaine mesure, par l’expérience de la vie et du travail qu’ont les personnes âgées. En outre, certaines baisses des capacités physiques peuvent être retardées par le fait de l’activité professionnelle. Par exemple, la diminution de la force de préhension observée au niveau de la population ne l’est pas dans les sous-groupes qui doivent utiliser leurs mains dans leur travail quotidien, bien que cette différence puisse s’inverser plus tard dans la vie. Ainsi, après l’âge de 80 ans, les travailleurs manuels ont un niveau inférieur de force physique par rapport à celui des cols blancs. Cela peut refléter l’accumulation des dommages physiques dans ces professions. L’hétérogénéité de l’âge dans les équipes de travail peut également être un facteur déterminant de la productivité. Un lien positif a été établi entre un degré intermédiaire de diversité des âges et la productivité, reflétant peut-être le fait que la diversité des âges a un coût (en termes de communication et d’intégration sociale) mais aussi des avantages (du fait de bénéficier d’un réservoir de connaissances plus vaste pour y puiser des solutions). Cet effet a aussi été modéré par la nature du travail qui prévaut au sein de l’entreprise. Les entreprises mettant l’accent sur le travail créatif ont tiré profit de la diversité des âges, alors que les entreprises axées sur les tâches de routine ont eu de moins bons résultats dans un contexte de diversité des âges.