Le respect des employés, ça se mérite


C’est amusant, quand j’y pense. Il n’y a encore pas si longtemps, lorsque mon employeur me parlait d’incentive, j’avais tendance à faire la tête. Au fil des années, j’ai travaillé pour plusieurs entreprises qui étaient plus habiles à manipuler le bâton que la carotte. Dans ces boîtes, on nous demandait de nous donner à 300 % mais donnait très peu en compensation. Il fallait donc tout donner durant un mois pour remporter un pauvre paquet de bonbecs (authentique !), ça peut être passablement désagréable. La société pour laquelle je travaille désormais semble cependant avoir lu quelques articles sur le management. Parce que quand elle présente un challenge commercial, la prime est proportionnelle à l’effort fourni. Et ça, ça change tout. Du coup, c’est avec plaisir que j’accueille le prochain challenge commercial, et je me donne à 200 %. L’année dernière, j’ai ainsi remporté un PC, un rameur, des places VIP pour des matchs de foot… Si je me satisfaisais déjà de ce quatorzième mois, il y a quelques semaines, j’ai pourtant remporté le pompon : un voyage de 5 jours en Afrique du Sud ! Au début, je dois avouer que je n’étais pas très chaud à cette idée. Quitte à choisir, j’aurais préféré effectuer ce voyage avec ma femme. Parce que c’était un voyage entre collègues, naturellement (pour renforcer les liens entre collaborateurs, tout ça). Je n’étais pas transporté par le principe. Partir en voyage avec ses collègues, ce n’est pas tout à fait du boulot, mais ce n’est pas des vacances non plus. On ne se conduit pas au travail comme chez soi. Il faut jouer un rôle, le rôle du mec qui se détend parce que c’est ce qu’il est censé faire… tout en prenant quand même garde à se faire voir de telle ou telle manière, parce que les collègues sont là. Enfin, ça, c’est ce que je croyais. Une fois sur place, j’ai surtout pris conscience qu’un voyage entre collègues, ça permet aussi d’être naturel. Quoique d’un naturel un peu différent de celui qu’on a avec sa femme. J’ai eu mal au crâne au cours de mon séjour, mais de temps à autre, ça fait quand même un bien fou. Je craignais que les activités qu’on nous propose sur place soient une calamité. Vous avez déjà sans doute dû supporter un tel moment : vous vous retrouvez embarqué dans une activité où vous avez l’impression d’être dans un Disneyland en carton pâte. J’ai déjà vécu ce genre de moment durant certains voyages, et ça ne m’a vraiment pas plu. Mais mon entreprise a, cette fois encore, su s’en sortir avec les honneurs : c’est une agence événementielle qui a tout organisé de bout en bout, et nous a proposé un séjour vraiment authentique. Si le programme a été vraiment chargé (30 minutes de pause par jour), ça a été un vrai bonheur : ce n’était pas un séjour touristique (le colon blanc parmi les indigènes), mais d’un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et entre collègues. Je craignais surtout que les activités organisées sur place soient navrantes. Vous savez, le genre d’activité qui semble avoir été préparée par un moniteur de colo incapable de comprendre qu’il avait affaire à des adultes. Mon entreprise a gagné sur les deux tableaux, sur ce coup-là : elle a su faire plaisir à ses salariés avec ce bonus, challenge commercial mais a surtout permis à ceux-ci de resserrer leurs liens. Et c’est là que je me dis que je suis en définitive arrivé à destination. Pendant une longue période, j’ai changé de boîte comme de chemise. Aujourd’hui, je me surprends à ne même plus regarder de quelle couleur est l’herbe du voisin. Et vous savez quoi ? Ca change la vie, de poser son barda.


No Comments, Comment or Ping