L’émergence du Sherman Act et du Clayton Act


L’industrie manufacturière représente dans la seconde moitié du XIXe siècle une part importante du potentiel productif américain (de l’ordre de 65 % du PNB). Elle est à la fois fortement concentrée et composée d’entreprises de grande taille bénéficiant de rendements croissants à l’origine d’économies d’échelle substantielles. De nouvelles sources d’énergie (pétrole, gaz, électricité) se développent et donnent naissance à des processus productifs à forte intensité capitalistique. De nouvelles connaissances émergent dans la sidérurgie et la chimie, alimentant la révolution industrielle aux États-Unis et conduisant à l’apparition de nouveaux produits de masse et de nouveaux marchés. Le développement spectaculaire de l’industrie du transport ferroviaire (la longueur du réseau ferré a augmenté de 268 % entre 1870 et 1900) diminue le coût de transport des marchandises et élargit considérablement la taille du marché intégré américain. Cependant, en présence de structures productives présentant des coûts fixes élevés, les marchés sont particulièrement vulnérables aux retournements de conjoncture. Dès qu’une dépression surgit, la difficulté d’écoulement des produits conduit assez naturellement à des guerres de prix. C’est précisément pour éviter les conséquences d’une confrontation sur le marché et le spectre des guerres de prix, jugées ruineuses par les entreprises comme par les observateurs économiques de cette seconde moitié du XIXe siècle, que sont mises en place des formes de cartellisation telles que le pool et le trust.


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