Le bombardement des gazoducs Nord Stream


Il est instructif de voir comment le fait de disposer d’une presse captive et d’avoir bien nourri le public de fables sur les exploits de l’Ukraine permet à l’administration et à ses co-conspirateurs de publier des articles insultants pour les services de renseignement. Un collègue qui se décrit comme possédant un sang froid situé quelque part entre celui d’un sage chinois et celui d’un chien mort était furieux à propos du dernier hurlement, celui des articles du New York Times et de la presse allemande, publiés très près l’un de l’autre, présentant les attentats à la bombe contre les pipelines Nord Stream comme étant le fait d’un mystérieux groupe pro-ukrainien.

Ce qui a mis la puce à l’oreille de mon ami, ce n’est pas seulement le ridicule de l’affirmation, mais aussi les traces suspectes laissées par les médias. Les articles du German Times et du New York Times ont été publiés de manière si rapprochée, le New York Times se présentant comme ayant des sources totalement indépendantes, qu’ils ont manifestement été coordonnés. Comme nous l’expliquerons, les articles allemands, dont Die Zeit a été le premier à sortir, s’appuyaient sur des rapports de procureurs allemands. L’article du New York Times ne mentionne pas les rapports allemands ni les fonctionnaires allemands, mais cite uniquement des fonctionnaires américains.

Des germanophones m’ont dit que le résumé de Politico était exact. La partie « lien avec l’Ukraine » est terriblement glissante, puisque la location d’un navire appartenant à l’Ukraine n’établit pas que les propriétaires étaient impliqués dans le complot. Extrait de Politico :

Les procureurs allemands ont trouvé des « traces » de preuves indiquant que des Ukrainiens pourraient avoir été impliqués dans les explosions qui ont fait sauter les gazoducs Nord Stream en septembre 2022, selon les médias allemands mardi.

Les enquêteurs ont identifié un bateau qui aurait pu être utilisé pour transporter un équipage de six personnes, du matériel de plongée et des explosifs dans la mer Baltique au début du mois de septembre. Des charges ont ensuite été placées sur les pipelines, selon une enquête conjointe des chaînes publiques allemandes ARD et SWR ainsi que du journal Die Zeit.

Les rapports allemands indiquent que le yacht a été loué à une société basée en Pologne qui « appartient apparemment à deux Ukrainiens ». ….

Selon l’enquête des procureurs allemands citée par les médias allemands, l’équipe qui a placé les charges explosives sur les pipelines était composée de cinq hommes – un capitaine, deux plongeurs et deux assistants de plongée – ainsi que d’une femme médecin, tous de nationalité inconnue et opérant avec de faux passeports. Ils ont quitté le port allemand de Rostock le 6 septembre à bord du bateau loué, selon le rapport.

Comparez cette version à celle du New York Times, qui indique que les services de renseignement suggèrent qu’un groupe pro-ukrainien a saboté des oléoducs, d’après des responsables américains. Comme nous le montrerons au fil de l’article, il est précisé que ces « renseignements » ont été élaborés séparément des enquêtes européennes :

De nouveaux renseignements examinés par des responsables américains suggèrent qu’un groupe pro-ukrainien a mené l’attaque contre les gazoducs Nord Stream l’année dernière, un pas vers la détermination de la responsabilité d’un acte de sabotage qui a déconcerté les enquêteurs des deux côtés de l’Atlantique pendant des mois…

L’Ukraine et ses alliés ont été considérés par certains responsables comme ayant le motif potentiel le plus logique pour attaquer les pipelines.

C’est mignon, non ? Pro-Ukraine couvre une grande partie du terrain, y compris les Polonais, qui, selon John Helmer, sont les coupables. Et le Times réussit à passer sous silence le fait que les États-Unis étaient le plus grand et le plus méchant des opposants aux oléoducs.

Le Times admet ensuite que ces « renseignements » sont sommaires :

Les responsables américains ont refusé de divulguer la nature des renseignements, la manière dont ils ont été obtenus ou des détails sur la solidité des preuves qu’ils contiennent. Ils ont déclaré qu’il n’y avait pas de conclusions fermes à ce sujet, ce qui laisse ouverte la possibilité que l’opération ait été menée de façon clandestine par une force mandataire ayant des liens avec le gouvernement ukrainien ou ses services de sécurité.

Et ces « informations » ne proviennent pas des enquêtes européennes :

Une porte-parole de la C.I.A. s’est refusée à tout commentaire. Un porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche a renvoyé les questions sur les oléoducs aux autorités européennes, qui ont mené leurs propres enquêtes.