Des mini-Trump français


Triste spectacle auquel nous assistons actuellement, je trouve. Certains de nos politiques tiennent des discours vraiment incroyables, depuis le début de cette campagne présidentielle. Et même si seule une minorité est concernée, ceux qui se distinguent le plus en la matière sont tout de même un peu plus que des élus locaux… La semaine dernière encore, j’ai fait un incentive à San Antonio, et j’y ai débattu de la question avec quelques participants. Et force est de constater que nous étions tous gênés par les récentes dérives ! C’est devenu si courant qu’on n’y prête même plus attention, parfois. Fillon qui s’acharne à dénigrer François Hollande ? C’est devenu une habitude. Il affirme que Hollande joue l’homme de l’ombre te est à l’origine de toutes ses affaires ? Pas un jour ne se passe sans qu’on ne l’entende. Il a même appelé les autorités à s’intéresser aux données d’un bouquin d’investigation, qui lui paraît indiquer l’existence d’un cabinet noir à l’Elysée ! Les journalistes de ce bouquin ont pourtant précisé que rien ne permettait d’aller en ce sens, Fillon ne lâche rien : pour lui, c’est forcément un complot d’Etat qui est responsable de ses déboires. Marine Le Pen fait encore pire, en la matière. Peu importe que des notes adressées à la présidente du FN aient fourni la preuve qu’elle était tout à fait au courant du système d’emplois fictifs de collaborateurs parlementaires : ses électeurs la soutiennent en dépit de tout. Et cette impunité lui permet de mépriser la justice ouvertement. Pour moi, la perquisition qui s’est passée du côté de Nanterre est très parlante. Les procès-verbaux de la police divulgués par Le Monde nous enseignent que la chef du FN a filmé l’intervention, et averti qu’elle allait « alimenter de vidéos les réseaux sociaux. » Non seulement elle ne s’est pas arrêtée quand on le lui a demandé, mais elle a inséré son téléphone dans son décolleté pour qu’il continue de filmer, puis a demandé aux enquêteurs s’ils viendraient le chercher. L’immunité parlementaire dont elle profite est décidément très large ! Quoi qu’il en soit, j’ai passé un excellent moment lors de cet incentive à San Antonio. Pour en savoir plus, vous pouvez toujours regarder sur ce site. Davantage d’information sur cette incentive aux USA en cliquant sur le site internet de l’organisateur.



Artistes collabos ?


On a beaucoup glosé, et on le fait encore parfois, sur ce voyage à Berlin, en train depuis la Gare du Nord, que certains artistes de cinéma ont effectué en mars 1942, voyage qui va durer douze jours, sauf pour Danielle Darrieux (voir plus loin). Il y avait là cinq vedettes féminines (Danielle Darrieux, donc, Suzy Delair, Junie Astor et Viviane Romance) et une vedette masculine, Albert Préjean. Et la vilaine expression d’« artistes collabos » a beaucoup servi, puisque, à cette époque, tout le cinéma français était dominé par une seule compagnie allemande, la Continental. Or on avait annoncé aux Actualités qu’ils avaient été invités à Berlin, Munich et Vienne par le docteur Carl Froelich, président de la corporation du cinéma allemand. Les images de ce départ ont depuis été insérées dans une kyrielle de documentaires, dont le premier fut Le chagrin et la pitié, film de Marcel Ophüls, sorti en 1969. DONC les artistes français étaient « forcément » des collabos, thèse dévelopée par la presse française collaborationniste. Mais, d’une part, ces images ne montraient qu’une partie de la délégation, qui comprenait aussi, sans que jamais on n’en souffle mot, l’acteur René Dary, le journaliste Pierre Heuzé et le scénariste André Legrand. On n’a pas dit non plus que ces artistes français se rendaient à la première berlinoise du film Premier rendez-vous, d’Henri Decoin, alors ex-mari de Danielle Darrieux, la vedette du film, lequel devait sortir au cinéma Marmorhaus, sur le Kurfürstendamm, le 20 mars de ce mois, après être sorti à Paris le 14 août 1941. Il faut dire aussi que ce voyage d’artistes français à Berlin n’était pas le premier. Le 30 octobre 1941, les peintres Derain, Vlaminck, Van Dongen et Belmondo (le père de Bébel) avaient été invités dans la capitale allemande, et avaient visité entre autres l’atelier d’Arno Breker, le sculpteur favori d’Hitler. Ajoutons que d’autres voyages étaient prévus, dont celui de Christian-Jaque, mais le futur mari de Martine Carol et futur réalisateur de Fanfan la Tulipe refusa de s’y rendre ! Et de toutes façons, il n’y eut pas d’autre voyage ! Un mot sur Danielle Darrieux : on lui avait rappelé, très élégamment, qu’elle avait une mère et un frère de vingt-et-un ans, et laissé entendre qu’elle ne voudrait tout de même pas qu’il leur arrive du mal. Quant à son nouveau fiancé et futur mari, le diplomate Porfirio Rubirosa, il avait été arrêté comme citoyen d’un pays ennemi, la République Dominicaine, et envoyé en Allemagne dans un camp d’internement. On lui avait promis qu’elle pourrait le voir si elle acceptait l’invitation à Berlin. Elle accepta donc, réclama ce qu’on lui avait promis, put voir son fiancé et rester avec lui une semaine entière. Comme on a beaucoup dit à cette époque, les Allemands étaient « corrects » !… Après quoi, elle ne rejoignit pas ses compagnons de voyage et rentra en France par ses propres moyens. Elle s’abstint aussi de paraître à la réception donnée à Paris au retour du voyage. Ses deux compagnes Junie Astor et Viviane Romance furent aussi l’objet d’un chantage, et seule Suzy Delair, qui n’était pas anti-allemande, passa entre les gouttes. Signalons que ce voyage fut le premier et le dernier, car il avait fait mauvaise impression auprès du public.